A posteriori le silence ressenti dans des lieux de combat entre en résonance en nous-même. On y voit la neige couvrir la terre des tombeaux et la fleur éclore des décombres. On apprend à vivre sur des ruines ... avec la mémoire pour ne pas perdre la leçon ! Il n’y a pas de guerre juste, que du juteux pour certains. - La guerre assure la santé des civilisations - nous assurait Nietzsche dans - Humain, trop humain (1878) - d’autres que - Fatalité de la guerre, plus forte que toute volonté - mais en fait, une grande difficulté s’annonce à tout opposant. - Personne ne sait ce qu’il se passe parce que personne ne veut qu’il se passe quelque chose ... souvent quand quelque-chose a bougé dans ce monde ça a été pour le pire … alors personne n’ose bouger, faudrait être fou pour provoquer l’avenir ... heureusement qu’il y aura toujours des fous … et des cons pour les suivre … et des sages pour ne rien faire. - (La naissance de l’amour / P. Garrel). Née de voyages et de silences, à l’instar d’une archéologie préventive, cette série photographique - A CORPS PERDU - est sœur du temps que le vent emportera ... Une tâche digne d’une vraie armée : faire le siège paisible de sa patrie ouverte (J.Giraudoux) Pour la mise en forme de ma série A CORPS PERDU j’ai désiré utiliser la Piézographie sur papier toilette ATEKO en feuille, fabriqué dans les années 60. Considérer la ruée soudaine vers cet objet en cette période de confinement afin de le stocker en excés alors qu’il suffit de peu de feuilles par usage, démontre un abandon de l’accompagnement de notre bien-être débouchant de facto à un disfonctionnement du système digestif, baromètre de notre existence. J’ai trouvé intéressant d’user d’une technologie d’impression de qualité, à base de pigment charbon, couchée sur ce que l’on considère bon pour essuyer des excréments. De plus le papier toilette de cette époque possède une texture de matière intéressante qui dégrade l’image en fonction de la lumière le traversant. En ce qui concerne le protocole de prise de vue j’ai majoritairement privilégié l’emploi d’une chambre photographique afin d’exploiter ce temps de réflexion et de contemplation que propose la mise en processus de cette technique certes fastidieuse mais qui participe à une certaine reconquête du temps et qui offre par son image latente la retenue et la distanciation nécessaire.