Allégorie de la fertilité, de la bienveillance et de la lenteur ...En ces temps confus que nous connaissons encore, où la vie n’est pas que douceur ... je suis allé à la rencontre d’humains - d’ordinaires discrets – constituants de nos paysages et en lien avec des fondamentaux si souvent négligés.Versus du rythme frénétique de notre société arrogante aux valeurs factices, les jardins nourriciers ramènent l’affaire à l’attachement que l’on porte sur la façon de se nourrir et qui révèlent si inconsciemment une part de nous-mêmes. - Montres-moi ton potager … je te dirai qui tu es -Revenir à quelque chose de naturel et de simple, qui est de préparer son substrat pour y planter la graine, l'arroser et lui porter attention tout au long de sa croissance, afin d’en récolter les fruits est, il me semble, une bonne pratique d’un essentiel rassérénant. Partagés ou solitaires, les jardins qu'ils soient biologiquement gérés ou chimiquement contrôlés, de formes diverses et variées, pratiques ou poétiques, poussent à choisir son camp.S'il est un élément qui les rassemble, c'est bien cette forme méditative qui fait la part belle à la lenteur.De plus, majoritairement on donne sans attente de retour la production que l’on a étonnement en excédent.Pour être en accord avec l’esprit du sujet, il m'a semblé nécessaire d'utiliser une chambre photographique pour faire la part belle à l'éloge de la lenteur et à l'image latente.Ce temps apprivoisé permet une prise de contact calme. Pour la représentation de cette série, j’ai choisi le procédé à noircissement direct. A l’aide de contretypes apposés sur des papiers issus de végétaux et sensibilisés avec une préparation constituée de terres rares tels que le platine et le palladium et appliquée par l'assurance de mes gestes, la solution est ensuite séchée, insolée et finalement lavée à l'eau. Ce processus fait sens et participe au caractère du projet.Durant le confinement, j’ai prolongé l’expérience en utilisant la sensibilité de la chlorophylle - qui est un pigment - en l'exposant aux ultra-violets et à la chaleur pour marquer la surface des feuilles des arbres que j'ai plantés il y a plus de vingt ans. Le résultat est étonnant et questionne par là même notre empreinte écologique en cette période actuelle que l’on nomme Anthropocène où les activités humaines ont une incidence significative sur l’écosystème terrestre.Projet réalisé à la chambre 4X5 et soutenu par la DRAC.